Les contractions de Mère Martinique
Je marchais et je ne pensais à rien de spécial,
Je marchais, mais je devais être en train de prier.
Je marchais et je ne pensais à rien de spécial,
Puis soudain, levant les yeux sur ma droite,
Je vis le ciel, d’un côté assombri et de l’autre assez clair.
De la partie claire, s’échappa de je ne sus quel point précis,
Un flambeau volant qui s’enfonça dans la masse assombrie.
Oh ! Une lampe allumée dans la nuit noire, me dis-je.
Mais, que se passe-t-il ? Que cela veut-il signifier ?
Il devait être cinq heures quinze minutes.
A quinze heures, à quinze heures quatre ou cinq minutes,
Martinique, ma belle Martinique,
Tu rentras dans une nouvelle phase de ta vie.
Tes contractions de la veille ne nous avaient pas inquiétés.
A quinze heures, à quinze heures quatre ou cinq minutes,
C’était le jeudi 29 Novembre 2007,
Lorsque tes enfants te virent baisser la tête, la relever,
Basculer la tête à droite et à gauche,
Puis recommencer encore et encore
Et, n’en pouvant plus, te tordre de douleur,
Oui, belle maman Martinique,
Nous, tes enfants ne savions plus quoi dire, ni quoi faire.
Oui, belle maman Martinique, Toi si radieuse,
Radieuse malgré Amiral Robert, malgré mai 1902,
Malgré Edith, Hugo, Lenning, Dean et autres acolytes de même acabit,
Jamais, nous ne t’avions vue en pleines contractions.
Oui, nos aïeux t’avaient vue sous d’autres aspects moroses,
Mais toujours tu t’étais redressée vigoureuse, nous avaient-ils dit.
Et c’était vrai. Autrement, nous n’aurions pas eu la chance de te connaître.
Jamais, nous ne t’avions vue en pleines contractions.
De quoi as-tu accouché ?
Ne nous laisse pas dans l’incertitude.
Tes enfants te regardent, surveillent tes moindres mouvements,
Mais ne savent comment te soulager.
Ne les laisse pas dans l’incertitude.
Rassure-les, rassure-les, rassure les vite.
Oh oui ! Pour avoir accouché d’une magnitude de 7.4,
Rassure-les, rassure-les, rassure-les vite.
Paru dans le France – Antilles du 18 Décembre 2007