Emma ou la rage de vivre et Les revers de l’amour dans le compte-rendu du Colloque sur la vallée de l’Ouémé
Par Jean Florentin Agbona
Colloque de Dangbo, du 21 au 23 août 2018
LE PAYS WÉMÈ D’HIER À AUJOURD’HUI
Histoire, Culture et Développement
Dans le cadre de ce grand rendez-vous scientifique, voici l’essentiel de ce qu’il convient de retenir en ce qui concerne les communications qui portaient sur les deux premiers romans publiés par Euphrasie Calmont : « Emma ou la rage de vivre » et « Les revers de l’amour ». Ce mercredi 22 août 2018 à Dangbo, la communauté universitaire du Bénin a rendu un hommage mérité à l’écrivaine dont le nom de jeune fille est Hounkonnou, originaire du terroir Wémè.
1. Lecture du roman « Emma ou la rage de vivre »
Le projet stendhalien de reflet du réel, il est vrai, était définitoire du roman français du XIXè siècle. Mais l’universalité du fait littéraire, manifestement, déborde et fait craquer les corsets des frontières en création. Au Bénin, « Emma ou la rage de vivre » d’Euphrasie Calmont s’invite lui aussi au jeu du miroir. Ce roman, en plus de ses paris esthétiques où prose, poésie et indices de dramaturgie se télescopent, charrie bien des procédés de création tels que mythologie, topographie, toponymie, onomastique, intertextualité… pour non seulement une figuration émouvante de l’héroïne du texte, mais aussi, et peut-être surtout, un compte rendu de la culture d’un espace du sud du Bénin. C’est à ce chatoyant projet esthétique de la romancière béninoise que s’intéresse cette communication. Pour la dissertation, Sociocritique, Poétique narrative et Analyse du discours servent de pilotis méthodologiques.
(Prof. Pascal Okri Tossou, Université d’Abomey-Calavi)
2. Regards africains sur le roman contemporain « Les Revers de l’amour »
Bien que portant le sous-titre « roman contemporain », les Revers de l’amour d’Euphrasie Calmont est, sur le plan formel, un texte transgenre, à la croisée du théâtre, du roman et du polar. En apparence, son sujet relève du fait divers : un couple se sépare parce que la femme, Sabine, décide de quitter son conjoint, Julien, pour aller vivre avec son collègue de service, Charles, à qui elle attribue la paternité de leur enfant. Mais l’angle sous lequel le sujet est traité appelle une lecture plurielle, notamment en rapport avec une approche africaine du drame mis en scène. Il y a d’abord, sur le plan socioculturel, une convergence de comportements entre les deux belles-familles du couple, qui offrent leurs bons offices pour sauver le foyer de leurs enfants en péril, et les coutumes africaines qui font des belles-familles les recours et les garantes de la stabilité des jeunes couples. Ensuite, au regard des pratiques africaines, la trame du drame suscite plusieurs questions. Est-il facile d’accepter le retour d’une épouse infidèle aussi naturellement que le fait Julien à l’égard de sa conjointe Sabine au terme de son divorce unilatéral avec son époux ? Quel est le sort d’un enfant dont la paternité est âprement disputée et qui se retrouve ballotté tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre ? Enfin, l’amour dans le couple se réduit-il à un conflit de sentiments dont la seule issue est une victoire à la Pirrhus ?
(Prof. Pierre Mèdéhouègnon, Université d’Abomey-Calavi)