Emma ou la rage de vivre: Actualité insolite
Emma Jacobs de Terre-Neuve au canada, avait 10 ans à l’époque où elle a écrit une lettre, lettre écrite au crayon noir et soigneusement dissimulée dans une bouteille jetée en mer. Anaïs Garreau retrouve cette lettre sur l’île d’Oléron, le 7 Juillet 2011, 2 ans après qu’Emma Jacobs ait jeté la bouteille, en mer. Cinq mille kilomètres ont été ainsi parcourus. Voir Île d’Oléron: http://www.ile-oleron-marennes.com/carte-de-lile-doleron.html
Dans le roman Emma ou la rage de vivre, Emma Dassiga avait 9 ans, quand elle jeta son crayon en mer à Cotonou au Bénin, avec l’espoir de le retrouver à Marseille. Il aura passé par le détroit de Gibraltar, pensait-elle.
C’est saisissant, le parallèle entre le geste de Emma Dassiga dans le roman Emma ou la rage de vivre publié il y a deux ans et le geste de Emma Jacobs, il y a aussi 2 ans. Et enfin, c’est étonnant aussi, la coïncidence entre les deux prénoms.
A lire : l’aventure de la lettre de Emma Jacobs,
Sur Yahoo.fr : http://fr.news.yahoo.com/bouteille-%C3%A0-mer-jet%C3%A9e-au-canada-retrouv%C3%A9e-deux-144800774.html
dans Sud-Ouest : http://www.sudouest.fr/2011/07/28/a-l-encre-marine-462333-1391.php
A lire dans l’extrait ci-dessous: l’aventure de Emma Dassiga dans Emma ou la rage de vivre :
http://fr-fr.facebook.com/pages/Euphrasie-Calmont/220513513935
Un extrait de Emma ou la rage de vivre, Editions Amalthée 2009, pages 47 et 48
« …Voilà comment, un matin, elle avait visité cette salle immense où des hommes en blouses bleues soulevaient de très lourds sacs à la chaîne comme de simples sacs de coton et d’autres en costumes blancs à la saharienne et casquette collée au crâne, allaient et venaient, jetant un coup d’œil appuyé par-ci, par-là, montrant un air de satisfaction parfois mêlé de suffisance et d’un brin d’arrogance. Et tous serraient la main de son père, les uns, parlant tout doucement, avec raffinement et élégance, puis d’autres, avec des éclats joyeux de voix pour prendre des nouvelles du village et donner les directives sur le travail du secrétariat de l’administration coloniale. Au retour, ils firent de même à Porto-Novo, aux comptoirs des Compagnies Françaises établis par Régis Victor et Cyprien Fabre depuis 1830, pour l’huile de palme.
Ce jour-là, avant de rentrer au village, son père l’avait aussi emmenée au port de Cotonou. De grands bateaux de commerce amarrés attendaient et semblaient voguer sous la force des vagues. L’océan Atlantique, de toutes les nuances de bleu, bleu-vert, bleu turquoise, bleu clair, bleu indigo, s’étendait à perte de vue. Des écumes d’un blanc de neige propulsées à la crête des vagues de toutes tailles venaient s’écraser sur le rivage. Le sable y était blanc et très fin. Emma se demanda si on n’avait pas forcé quelques ouvriers à constituer une plage de sel fin, rien que de sel fin, pour en ajouter au charme naturel de cet endroit. Après hésitation, elle avait posé la question à son père qui lui répondit que non. Elle s’était souvenue que sur la carte du monde se trouvant dans la chambre de ses frères, cet océan allait loin, très loin. « Si je lançais mon crayon dans les vagues, peut-être qu’un jour je l’attraperai au Canada, en Angleterre ou au pôle Nord ». Elle posa encore cette question à son père, juste pour demander son avis. Il lui répliqua que ce ne serait pas nécessairement elle qui trouverait ce crayon, mais peut-être bien quelqu’un le repérerait. Elle ouvrit son sac de toile blanche brodée de perles, en sortit un crayon jaune qu’elle regarda attentivement comme un pédiatre auscultant un bébé, le serra contre elle, le contempla à nouveau, bredouilla : « Ne t’inquiète pas, je te reverrai » et le jeta dans les vagues.
Tout à coup l’employé qui remettait le reçu aux braves villageois laissa tomber sa longue règle en cuivre et le bruit sonore venant du sol fit sursauter Emma. Elle sauta de son tabouret, saisit la règle et la rendit. Le soleil était déjà tombé, mais la luminosité était toujours dense. Emma comprit qu’il se faisait tard. « Je n’ai pas perdu mon temps » pensa-t-elle, plutôt fière d’elle-même, puis elle se mit à sourire en pensant à tout le trajet que feraient ces noix se trouvant sous ses yeux. Il ne me reste que Marseille à connaître ajouta-t-elle tout doucement, avec l’assurance paisible que son père pourrait l’y emmener un jour. »